
Pour son pique-nique annuel sur ses vertes pelouses devant le plus grand écran de cinéma en plein air d’Europe, où il n’est pas interdit de dialoguer au-delà d’un échange de tire-bouchon, et où le bobo peut respecter le personnel de sécurité plutôt que l’insulter lorsque celui-ci lui explique calmement que son chien n’est pas autorisé sur la pelouse, le Festival de Cinéma en plein air de La Villette a choisi la rue comme espace d’expression de la solitude urbaine (Taxi driver le 19 juillet, Chacun cherche son chat le 6 août), de vaine tentative de déjouer le cloisonnement des classes sociales (Quai des Orfèvres du 27 juillet où l’ambitieuse chanteuse jouée par Suzy Delair est prête à tout pour sortir de la misère dans laquelle elle est née et le mal de ventre “because la charcuterie”, Tout sur ma mère le 21 août, devant lequel nous avons tant pleuré), de flânerie et de séduction (Journal intime le 29 juillet du bavard Nanni Moretti Roi de Rome sur son scooter, Happy Together le 7 août, Les nuits de la pleine lune le 16 août, Manhattan le 18 août).
La rue est aussi le seul endroit qui reste accessible à ceux qui sont rejetés de partout ou font le choix de s’exclure de la société, lieu de dérive et de perte de contrôle (Tokyo le 30 juillet, surtout pour le très beau film de Michel Gondry, Le cercle le 31 juillet, chef-d’oeuvre du cinéaste iranien Jafar Panahi interdit de travail dans son pays, consacré à la terrible condition des femmes dans son pays, El Bonaerense le 14 août, du très grand cinéaste argentin Pablo Trapero), d’agression et de violence (Paranoïd Park le 22 juillet, très admiré par la cinéaste Maud Alpi, Bonnie and Clyde le 12 août, La Haine le 13 août, Collateral le 19 août, Gomorra le 4 août, West side story le 21 août), mais aussi lieu de survie pour échapper à ses poursuivants (les infâmes comploteurs du très grand film En quatrième vitesse le 2 août) ou à la guerre : dans Le temps d’aimer et le temps de mourir le 20 juillet, la rue devient l’espace où le peuple allemand a réinventé son humanité face à ses villes détruites par les bombardements. Nos rues sont plus belles que vos murs.
Cinéma en plein air à La Villette, du 19 juillet au 21 août 2011, entrée gratuite (location du transat 7 euros), le film commence à la tombée de la nuit. Attention, le temps pourri de cette mi-juillet à Paris risque de compromettre certaines soirées, renseignements au 01 40 03 76 92.