Un amour de jeunesse de Mia Hansen-Love : l’étudiante amoureuse et le gauchiste libre

Un amour de jeunesseBienheureuses réalisatrices, elles peuvent filmer leurs comédiennes dans la tenue et l’attitude qui leur convient, alors que votre serviteur a reçu un regard plein de mépris d’une amie à peine féministe pour deux lignes dans un scénario où la comédienne (vêtue) devait marcher à quatre pattes vers son amoureux.
Mia Hansen-Love ne s’embarrasse pas d’une telle pudibonderie, Camille (Lola Creton) est amoureuse dans Un amour de jeunesse d’un idéaliste qui rêve de la “vraie vie” en Amérique Latine. Elle la filme toute nue, fantasme absolu de beauté, comme on le retrouve dans le cinéma de Céline Sciamma et de Salma Cheddadi (dont le dernier film, Sweet viking, est très prometteur), à quatre pattes, en larmes devant le rêve d’ailleurs de son compagnon. Comme dans ses deux premiers films, Tout est pardonné et Le père de mes enfants, l’une des cinéastes les plus prometteuses de notre époque signe l’histoire d’une jeune fille mélancolique amoureuse d’un homme dont la passion (la glande dans le premier, le cinéma dans le second, l’aventure dans le troisième) se double d’un certain égoïsme pour son entourage.
Un amour de jeunesse est bercé par le Gracias a la vida de la Chilienne Violetta Parra, hymne à la mélancolie et au remerciement de son personnage qui fait le choix de la vie face à une mère dépressive et un petit ami un peu futile. La seconde partie du film dans laquelle la jeune fille tombe dans les bras d’un architecte norvégien est moins crédible sans doute en raison de la jeunesse de la comédienne que l’on n’a pas fini de voir, l’excellente Lola Creton, qui a la lourde tâche de vivre huit ans de la vie de son personnage. Et puis le paysage des appartements parisiens de deux cents mètres carrés devient aussi irréel que les maisons de magnat du pétrole dans les mauvaises séries américaines.
La fraternité du jeune cinéma de femme français est l’une des plus belles nouvelles qui nous viennent de cette planète réservée. Heureux le spectateur français qui va pouvoir assister au renversement de nombreux archétypes du cinéma (l’adultère, l’homme libre, le désir d’enfant, etc.) grâce à la première génération de cinéastes femmes qui a, grâce à l’évolution du système de production et de distribution, la capacité de s’exprimer à égalité avec les hommes.


UN AMOUR DE JEUNESSE : BANDE-ANNONCE HD par baryla

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