Pas son genre de Lucas Belvaux : seule la joie demeure

Une coiffeuse arrageoise tient tête à l’intellectuel de gauche parisien dont elle est tombée amoureuse. Elle ne meurt même pas à la fin, preuve que l’on ne fait pas du cinéma en ce moment uniquement pour se rassurer de la mort réelle ou symbolique des pauvres (Night moves, Dans la cour).

Pas son genre est un film pour Emilie Dequenne, héritière des héroïnes de Chabrol qui fut le père cinématographique de Lucas Belvaux. Elle coupe les cheveux d’un client dragueur professeur de philosophie muté à Arras alors qu’il est “totalement parisien”, comprenez écrivain reconnu, jet-setteur, héritier de parents conservateurs, méprisant envers la province… Elle éblouit des scènes de karaoké en boîte de nuit (Caresse moin, Live is life…), court pour emmener son fils à l’école et rejoindre son coincé d’amant philosophe qui a retenu de sa formation qu’il devait douter. Elle donne toute sa bouche et sa chance à l’amour.

L’intelligence du scénario est de faire le pari de la joie, qui “seule demeure” (Deleuze, à propos de Spinoza), contre le fossile philosophe qui glose sans toucher terre. Le titre parle pour lui-même avec son clin d’oeil à la terreur de Swann (à la fin du roman de Proust qui porte ce nom) d’avoir passé tant d’années à aimer une cocotte qui “n’était même pas son genre”. C’est que l’amour est bien sûr hors genre, contrairement au couple qui s’arrange toujours pour faire paire si les deux s’entendent pour durer. Que votre joie demeure.

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