De beaux héritiers de la bourgeoisie française chantent à tue-tête Les lacs du Connemara de Michel Sardou dans la salle du Bureau des élèves d’une boîte à élite de la banlieue parisienne. Un juif et une lesbienne conscients qu’ils ne seront jamais considérés comme l’un des leurs mettent en place un marché pour leur ami arabe qui voudrait tellement emboucher les filles. La séquence la plus drôle du film fait dérouler le jeune Tunisien sur Ecoute moi camarade de Rachid Taha après des nuits de délice tarifées dans son dos.
D’une société obsédée par l’argent, le pouvoir et le sexe, Kim Chapiron tire une fable à l’américaine de ce récit très inspiré par le Social Network de David Fincher, plus intelligent que ne le laisse penser la bande-annonce racoleuse. Les bons petits étudiants en économie appliquent leur théorie du marché au désir de copulation des jeunes hommes pour les aider à préparer leur future vie de couple. Le cinéaste met en place les angoisses des fondateurs qui se font la frayeur de tomber amoureux d’une vendeuse qui vend son corps pour profiter de ses belles années.
Bien sûr, l’économie légale finira par rattraper ce mauvais calcul d’étudiant, mais c’est sans doute là que le cinéaste tient sa meilleure idée : si le couple est avant tout une extension du concept de marché, issu du latin copula “lien, chaîne”, il est bien plus pertinent de s’intéresser à ce qui entre deux individus fait copule, c’est-à-dire en linguistique le mot qui relie le sujet au prédicat. Le film développe la copule qui se crée entre son Versaillais en manque de transgression et sa prolétaire ambitieuse. Où la règle du marché n’abolira jamais la copule.