Les hommes ont beaucoup perdu au XXe siècle à en croire par exemple les films de la fin des années 70 de Corneau, Sautet ou Alain Delon, où les hommes giflaient violemment les femmes pour résoudre un conflit, mais la lutte continue, notamment avec le tendre Wadjda de Haifaa Al Mansour, qui n’est rien moins que le premier film de fiction tourné en Arabie Saoudite, et par une femme.
La jeune Wadjda met toute son énergie à apprendre et réciter le Coran pour un concours dont le premier prix doit lui permettre d’acheter le vélo de ses rêves, en soi un péché pour une jeune fille du royaume wahhabite, tandis que sa mère échafaude des plans pour faire revenir au bercail le mari qui passe plus de temps avec sa maîtresse que sa propre mère essaie de lui faire épouser.
Au-delà du spectacle triste de la condition des femmes qui ne doivent pas rire pour ne pas tenter les hommes, sortir sans voile intégral ou qui peuvent être mariées à 12 ans à des hommes majeurs, Wadjda est un beau film sur la bataille des femmes pour construire et conserver leur foyer et la course de nombreux hommes pour le fuir. Les plus belles scènes du film réunissent la mère (la très belle Reem Abdullah) et la fille (Waad Mohammed), courageuses et unies contre l’hypocrisie et la lâcheté (confère “Scandale après la libération d’un prêcheur assassin de sa fille“). Comme disaient les navigateurs après de longs mois d’errance, nous pouvons crier : “Terre !”.
WADJDA – BANDE ANNONCE OFFICIELLE VOSTF par PrettyPicturesfilms