C’est un cinéma qui tente de frayer un chemin de traverse entre le cinéma réservé aux Bac+5 et le grand spectacle imbécile, “film du milieu” disait Pascale Ferran, film généreux et tendre, portrait de braves gens occupés par la terre, une petite entreprise ou angoissés par la perte de leur emploi, ici réunis par le cabinet du Docteur Werner (François Cluzet) et celle (Marianne Denicourt) appelée à le remplacer pour cause de maladie et d’épuisement à exercer à domicile et en cabinet.
A mesure que ces deux paumés de médecins s’approchent et se tâtonnent, Médecin de campagne prend le goût de la “nourriture semblable à l’anche d’un hautbois” dont parle René Char dans L’amoureuse en secret. On espère parfois qu’un plan durera un peu plus longtemps pour capter le soulagement apporté par le soin ou le mot encourageant de cette profession exercée en territoire rural qui suppose de maîtriser en plus du savoir médical des connaissances de psychanalyse, d’assistance sociale, de psychiatrie…
Le film prend pour votre serviteur une résonnance particulière à l’heure du départ à la retraite imminent de son père qui évolue dans le secteur de la santé. Ni pont d’Arcole, ni retraite de Russie. Quel mot dans un pays où ce passage est aussi douloureux que l’impossible mise en place de la discrimination positive (pourquoi pas le racisme fraternel ?) ! Et comme aurait dit le célèbre Nantais Cambronne à Colville : “la garde meurt, mais ne se rend pas”. Et d’ajouter d’après la légende au général anglais incrédule : “Merde !”.