Non pas Matt Damon, l’usurpation d’identité étant sévèrement punie et mon habileté relative face aux fins limiers du FBI, sans parler de toutes les parties de jeu de l’oie qui m’attendent et des couches que j’ai à changer, mais daimon, comme dans le Fragment d’Héraclite d’Ephèse qui vivait au VIe siècle avant notre ère, Ethos anthropos daimon, ou “le caractère est le démon de l’homme”.
La puissance du cinéma américain est l’invitation du spectateur à devenir daimon, c’est-à-dire selon le sens que lui donnaient les anciens Grecs à forcer la chance, tel Matt Damon laissé pour mort par ses coéquipiers dans quelques décennies sur la planète Mars avec des vivres pour 100 jours. Heureusement, le bonhomme est botaniste, transforme trente patates en une colonie et du gaz en eau pendant que les bureaucrates s’agitent pour le rapatrier sur Terre.
Personnellement, nous aurions uniquement gardé les scènes sur Mars en retirant les répliques qui incluent des gros mots destinés aux 8-12 ans, pour toutes les scènes extraordinaires où le héros erre sur une terre inhospitalière qui rappelle l’ambition de 2001, l’Odyssée de l’espace. La suite lorgne plutôt vers la belle réussite de Cuaron, Gravity, avec les différentes épreuves qui attendent le héros dans une ambiance de sauvetage spectaculaire dans l’espace.
“C’est nous-mêmes qui faisons notre bonheur ou notre malheur par notre caractère, commente Marcel Conche, notre ethos, notre manière constante de prendre les choses”événements“. Le spectateur du grand spectacle hollywoodien qui ne se contente pas de s’enfermer dans la chambre de l’enfance peut prendre sa part de daimon pour cultiver son jardin, fut-il sur Mars.