Les vaches de Jean-Yves Penn ayant gardé un souvenir ému de mon stage à la ferme durant ma haute adolescence chevelue, vous comprendrez pourquoi je me suis rué sur le film de Jonathan Nossiter bien que la caméra semble tenue par les pieds d’une personne ivre, ce qui est sans doute raccord avec le thème (le vin biologique), mais finit par donner la nausée.
Il est y question de résistance comme dans le titre, à l’agriculture productiviste, à la police, à l’uniformisation du cinéma et du monde, à l’industrie chimique, à la politique agricole commune, aux stars du cinéma et de la chanson (Zemeckis et Sting) qui privent les vignerons des vieilles fermes toscanes… La plus belle séquence filme un agriculteur biologique comparer la terre de sa vigne à celle du voisin qui ressemble à du plastique. Ceux qui n’ont pas compris mourront jeunes dans d’atroces souffrances.
Ces braves italiens de Toscane, des Marches et du Piémont se transmettent leur patrimoine de père en fils et d’oncle en neveu en rêvant du côté de la France qui a fait du sujet une exception, et en regrettant l’époque où la culture italienne illuminait le monde (moi aussi en se plaçant sur le seul champ artistique, face au Couronnement de la vierge de Fra Angelico et à La mort de la vierge du Caravage au Louvre). La prouesse du cinéaste est moins de réussir à faire vivre leur utopie qu’à nous mettre le nez dans la terre pendant quelques minutes, dans les quarante centimètres de terre cultivables qui nourrissent l’humanité. Une odeur, qui n’ayant plus sa place dans le quotidien de l’homme pour faire cycle, amène ce dernier à sautiller de petits désirs en frustrations, comme dans le film post-apocalyptique The rover de David Michôd, où l’humanité s’accroche à sa petite épicerie quitte à menacer un homme de mort s’il n’achète pas une conserve, à sa voiture rouillée ou au cadavre de son chien. “Si un jour tu vois/Une pierre te sourire/Iras-tu le dire ?” (Eugène Guillevic).