Filmer L’or de leurs corps à Rosny-sous-Bois (14) : un monde sans miracle

Il y a des jours comme ça où en visionnant L’Evangile de Saint-Matthieu de Pasolini pour ne rien oublier, on se dit soudain “Merde, les Rois mages”. Le chef-opérateur Jean-Baptiste Gerthoffert qui avec sa barbe a l’air de sortir de la Bible a semblé dubitatif lorsque je lui ai demandé d’interpréter un personnage aussi éminent. A cette proposition, les professeurs m’ont même demandé s’il était possible d’utiliser un pseudonyme au générique.

Le cinéma, dernier lieu de recueillement des fidèles avant le triomphe du “Tous artistes”, permet simplement de s’assurer que les visions peuvent prendre forme : un homme s’approche d’une jeune fille, lui demande si elle est Eve, lui met un collier autour du cou et s’éloigne. Les jeunes filles disent “il est fou”, et nous voilà au coeur du sujet.

Ce film est notamment issu de discussions avec Michaël Papon sur l’impossibilité d’être prophète dans le monde moderne de l’ère du soupçon dont parlait la regrettée Nathalie Sarraute, thème passionnant qui à notre connaissance n’a été abordé que dans l’excellent Nazarin de Bunuel avec Francisco Rabal. A une époque où la religion a principalement une portée identitaire (place de la femme dans la société, condamnation des blasphèmes, etc.), L’or de leurs corps part à la recherche de la réaction de jeunes collégiens au sacré. Dans un monde extrêmement rationnel, les pouvoirs de l’une répandent une soif d’irrationnel et de fantasmes qui constituent une matière passionnante à filmer pour tenter de dé-sociologiser le regard sur la banlieue.

Pasolini – Evangile Selon Saint Matthieu par moika9

Filmer Cosi fan tutte aux Pavillons-sous-Bois (15) : les beaux gus

Un comédien nous ayant annoncé son lien de famille avec l’un des deux premiers rôles du cultissime Beaux gosses, nous en profitons pour saluer dans la joyeuse famille du cinéma où tout le monde s’aime, Anthony Sonigo qui livrait une prestation de haut vol avec sa coupe mulet et sa passion pour le site Grosses mamans chaudasses.

Nous avons profité de la clémence du temps pour tourner pour la première et la dernière fois en extérieur le départ au Japon des deux héros. J’adresse une pensée émue à tous les enseignants de France emmenant leurs élèves en sortie à l’âge où les hormones et le sens de la rébellion agitent les neurones. Nous avons à peine eu le temps de boucler le programme entre deux arrivées de tramway. Heureusement, nous avons pu filmer une scène totalement illégale où l’héroïne menace de se jeter sous le tramway si son ami part au Japon, ce à quoi le jeune homme répond que ses parents ne pourront jamais réparer la centrale de Fukushima s’il meurt de chagrin. A défaut d’être le Shakespeare du XXIe siècle, du moins pourrai-je être son Jacques Pierre.

Les Beaux gosses – Bande Annonce du Film – par LE-PETIT-BULLETIN

Il n’y a pas de rapport sexuel (con ne vît) de Raphaël Siboni

Il n'y a pas de rapport sexuel : photo Raphaël Siboni

Que pouvait bien réunir HPG, pornographe provocateur et arty, qui se revendique ouvrier et prostitué, et tente de masquer sa haine de soi par une superbe faconde, et un artiste qui porte tous les attributs du métier en ce jeune XXIe siècle (Arts Déco, Palais de Tokyo, mal peigné, habillé de telle manière qu’à la campagne on lui jetterait des pierres…) ? Du cinémâche disait Jacques Lacan, auteur dans l’un de ses textes les plus abscons, L’Etourdit, de la phrase qui donne son titre au film : “Il n’y a pas de rapport sexuel”.

Les deux cinéastes étaient présents au Ciné 104 pour présenter leur objet filmique né des milliers d’heures de making-of des films du premier, pionnier du porno low-cost, hétéro et homo, montées par le second qui avoue avoir retenu les “séquences qui avaient la plus grande dynamique émotionnelle”.

Où l’on y voit entre autres de jeunes amatrices ne correspondant pas aux normes occidentales de la beauté venir chercher l’orgasme et la démultiplication de l’image de soi dans le monde virtuel, un jeune noir rêvant de devenir une star du porno se retrouvant dans un porno gay tourné devant une télévision diffusant des images d’un porno hétéro pour exciter les comédiens, le réalisateur HPG apparemment ivre en train d’expliquer un scénario surréaliste consistant à venger les acteurs d’un pornographe leur ayant confié une obscure clé USB…

Le passage le plus hilarant du film montre HPG en train de motiver un amateur de devenir une star du porno pour coucher avec les plus belles femmes, contrairement au bobo qui sort actuellement avec la plus belle fille du lycée avant que sa sexualité ne décline une fois qu’il sera prisonnier de l’héritage paternel. Raphaël Siboni a réuni les images qui forment le portrait d’un homme plus grand que la vie, exemple typique de la philosophie de l’Etourdissement prônée par Jacques Lacan contre 2500 ans d’aristotélisme qui contraint les corps dans les principes, les normes et les lois.

Ni éloge, ni critique du porno, ne confortant ni celui qui voudrait voir un numéro de Capital sur l’industrie, ni la ou le féministe de gauche (que je suis) assuré que les femmes sont les premières victimes du business qui représente un tiers de la consommation d’images filmées sur internet, il n’y a pas de rapport sexuel est un cinéma de l’équivoque, peut-être la seule forme que devrait recouvrir cet art au XXIe siècle lorsqu’il aura fait le deuil d’Homère pour se penser comme art disposé à placer son contemporain devant un abîme de contradictions qui sont la seule mesure du sens plutôt que de le caresser dans le sens du poil.

Il n’y a pas de rapport sexuel Bande Annonce… par Filmsactu

Filmer L’or de leurs corps à Rosny-sous-Bois (13) : le cinéma contre les bouffeurs d’espoir

On comprend mieux le courage des enseignants porteurs du projet, Anne Lorquet, Messieurs Emorine et Tabary, ainsi que des élèves ambitieux qui participent au film, lorsque l’on constate le poids des bouffeurs d’espoir qui rôdent autour de toute initiative, la terreur de ceux qui seraient prêts à tout pour confirmer qu’il ne se passe rien en banlieue, qu’on ne vienne surtout pas les déranger dans leur mentalité de ghetto, et que l’on finira par croiser sur la route de l’anonymat puisqu’ils ne feront jamais rien de leur vie.

Nous voilà arrivés au point où le doute s’installe sur la raison d’Eve, jeune fille dont les pouvoirs suscitent méfiance et inquiétude. Dans le monde du collège où l’on fait une montagne d’un simple regard, les personnages circulent autour de la jeune fille pour voir s’il serait possible de tirer parti de ses pouvoirs ou lui demander de ne pas attirer l’attention sur la classe. L’exercice est délicat parce que l’on prend toujours le risque avec des non-professionnels de créer une identification trop forte entre le jeu et la vie, mais je fais confiance à l’intelligence de la troupe pour préférer l’exaltation du jeu à la peur du nouveau.

Filmer Cosi fan tutte aux Pavillons-sous-Bois (14) : travelling poussette

Je tairai son nom pour éviter qu’un futur employeur n’hésite à embaucher une jeune femme qui se promenait encore en poussette à 14 ans, mais elle a accepté d’embarquer la caméra pour filmer depuis une poussette ses collègues de classe en train de faire un jogging sur la piste de sport derrière le collège Eric Tabarly.

Les jeunes filles interrompent leur course pour rejoindre Alfonso le dépressif qui remarque bien haut qu’il ne lit pas Platon comme à la fin d’Entre les murs (que la comédienne n’avait pas lu malgré l’aspect ultra-réaliste de la mise en scène), mais Frantz Fanon, psychiatre antillais basé à Alger durant la Guerre sans nom, mauvaise conscience de la France des Lumières, héros de l’anticolonialisme célébré dans l’ensemble du continent africain et des films aussi divers que Les invasions barbares d’Arcand ou Munich de Spielberg. Bien sûr, Dylan n’a pas non plus lu Frantz Fanon, mais c’est ma manière de rappeler que l’on ne fait pas croire au spectateur qu’on veut le faire sortir de la caverne (de Platon) si on lui sort sur un plateau ce qu’il pense de l’école (élèves turbulents) et des enseignants (débordés) plutôt que de filmer le chemin de la colère et de la joie (Frantz Fanon).

Dans l’opéra, les jeunes hommes partaient à la guerre pour cacher à leurs douces qu’ils reviendraient avec un autre visage. Chez nous, ils partent au Japon avec leurs parents expatriés pour réparer la centrale de Fukushima. Semaine prochaine, tournage du départ au Japon à l’arrêt de tramway Allée de la tour/Rendez-vous. Figurants bienvenus, vendredi, à partir de 10 heures 30, pour chanter en playback et nous amuser “Bella vita militar ! Ogni di si cangia loco/ Oggi molto, domani poco/Ora in terra ed or sul mar”. “Belle est la vie militaire ! Chaque jour en un autre lieu/Aujourd’hui beaucoup, demain peu/Tantôt sur terre, tantôt en mer”.

Millenium, les hommes qui n’aimaient pas les femmes de Fincher : la bataille du sexe des femmes

Millenium : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes : photo David Fincher, Rooney Mara

Le XXe siècle au cinéma a été celui de la domination
masculine au lit, le partenaire féminin étant la plupart du temps invitée à
réconforter son homologue masculin sur sa virilité. Millenium : les hommes qui n’aimaient pas les femmes, adaptation
par David Fincher du best-seller de Stieg Larrson, commence bien avec son
héroïne punk industrielle Lisbeth Salander (l’exceptionnelle Rooney Mara) qui
reproche en présentant son rapport à un mystérieux commanditaire à Mikhaël
Blomkvist (Daniel Craig) de ne pas assez pratiquer le cunnilingus à sa
compagne. Après le générique en fanfare présentant un rêve glauque pétrole de
Lisbeth sur la musique métal hurlante de Trent Reznor, que votre serviteur n’a
pas fait mine d’écouter depuis vingt ans et l’époque de Nine Inch Nails,
Fincher laisse espérer atteindre des cimes.

La suite donne pourtant un arrière-goût désagréable qui
n’est pas étranger aux défauts du roman. Comme l’auteur suédois décédé après
avoir rendu sa copie, David Fincher filme mieux le viol de la jeune femme que
sa sexualité, en offrant des images convenues de baiser saphique qui sont
devenues incontournables depuis le succès de Mulholland drive. Lorsque la belle autiste rencontre Blomkvist,
reporter déchu par un coup monté, pour enquêter sur la disparition violente de
jeunes femmes sur fond d’orgie nazie, la superbe plastique de la jeune femme
n’empêche pas de filmer platement le coït entre les deux partenaires où Daniel
Craig a passablement l’air de s’ennuyer (il aurait peut-être fallu lui dire qu’il
n’interprétait pas James Bond).

Si le cinéma a offert la parole aux femmes dans la vie
domestique (Cukor, Hawks), la vie publique (Truffaut) et la vie politique
(Godard), la vie sexuelle est restée majoritairement terra masculina, à l’exception notable de L’amant de Lady Chatterley de Pascale Ferran. Les hommes qui n’aimaient pas les femmes offrait un terreau
particulièrement fécond pour imposer au cinéma la conquête de la femme du XXIe
siècle pour son droit au plaisir sexuel, avec son lot de femmes courageuses évoluant
dans un environnement technologique leur permettant de se passer des hommes.

Comme dans le roman, David Fincher se focalise sur la
théorie du complot (des orgies nazies matinées d’inceste au sein de l’élite
suédoise en rêve de pureté) plutôt que de filmer l’allure de gendre idéal que
se donne l’extrême droite européenne en ce jeune XXIe siècle. La difficulté
d’adapter un roman aux intrigues en tiroir dans le temps imparti par les
multiplexes (2 heures 38) n’est pas étrangère au sentiment de confusion qui
émane du traitement. C’est surtout la gestion des accents suédois des
personnages les plus inquiétants qui est la plus délicate, compromis entre la
production hollywoodienne en anglais et la touche exotique de ce beau pays
qu’est la Suède. L’expatriation de ce grand cinéaste inquiet, américain,
américain, américain, qu’est David Fincher n’est peut-être pas pour rien dans
ce sentiment d’objet filmique non identifié.

MILLENIUM – LES HOMMES QUI N’AIMAIENT PAS LES… par baryla

Death for sale de Faouzi Bensaïdi : L’être et l’orient

Le cinéma est mort au contrechamp d’honneur. Quelques résistants ont pris le maquis pour raviver la flamme d’un art qui ressemble trop souvent à de la mauvaise télévision, en refusant le plus possible le dialogue terne du champ-contrechamp pour hisser leurs images à des hauteurs mythologiques.

Le cinéaste marocain Faouzi Bensaïdi est de ceux-là. Il réalise un film noir ancré dans la réalité de son pays avec Death for sale, Mort à vendre, l’histoire de trois losers attirés chacun par un mirage (la femme fatale, l’argent facile de la drogue et des hold-ups, le paradis promis par les intégristes pour tuer un Chrétien) dans le port méconnu en France de Tetouan, citadelle en forme de prison douce pour une jeunesse prisonnière entre monts et mer, loin des centres administratifs et financiers comme Casablanca et Rabat, et de l’argent du tourisme comme Marrakech et Tanger.

Avec son personnage principal, Malik (Fehd Benchemsi), Faouzi Bensaïdi transpose le héros romantique fitzgeraldien, trop fait pour l’amour dans une réalité sociale qui ne lui permet pas de trouver son bonheur, au monde arabe. Comme sa soeur qui dans une scène terrible préfère une fin amère à une amertume sans fin comme disait le héros d’A propos d’Elly, Malik accomplit un voyage au bout de la nuit jusqu’au dernier plan renversant, dans tous les sens du terme, du film.

Nous vous écrivons d’un pays bâti sur sa révolution qui a fait le tour du monde et suscite encore des joutes intellectuelles passionnées qui n’excluent pas l’insulte plus de deux siècles après les faits. Les amoureux du Maghreb ont assisté avec admiration et inquiétude au printemps arabe, prélude à tous les espoirs et de nombreuses désillusions. Death for sale est le premier film contemporain des événements à sortir en France. Il assiste sans illusion au naufrage d’une jeunesse écartelée entre une modernité occidentale et le respect dû à ses pères et au foyer. Cette mélancolie ouvre d’immenses perspectives sur le regard croisé et dé-Croisé entre l’orient et l’occident que le cirque de la peur de l’autre des deux côtés de la Méditerranée ne cesse de voiler.

Filmer L’or de leurs corps (12) à Rosny-sous-Bois : Tendre est le jour

Nous sommes à l’étape de la rumeur, au moment où le poison se répand dans toutes les veines du corps social. Eve a des pouvoirs, suscitant interrogations, fantasmes et rejet parmi ses camarades de collège.

Nous étions accompagnés de Pierre Carlier, ou Pierre Caron pour les intimes, le technicien apprécié de tous les plateaux du cinéma français, pour ce retour en terres de Rosny où l’on cherche encore les bois du titre.

Anne Lorquet a mobilisé les troupes, chacun a pris sa place, Rayan au script, Houcem et Haris ont inauguré la belle perche Rode passée par Photocinerent et puis “Action” mon vieux faut pas traîner ça finit en juin tout ça. Qu’est-ce que c’est beau quand même de filmer un baiser il y a Ingrid Bergman et Cary Grant dans Les enchaînés et puis c’est tout mais baisers volés, baisers en vol avec un parfum d’éternité et de pouvoir. Embouchez, pauvres mortels. Apocalypse, later.

Filmer Cosi fan tutte aux Pavillons-sous-Bois (13) : qu’Amour me punisse

Le train qui file dans la nuit est reparti au quart de tour en une journée froide et ensoleillée de janvier entre une partie de football et une extase amoureuse de jeunes filles prêtes à perdre leur illusion pour accepter que l’on ne taille pas dans l’amour comme dans la vie sans se couper.

Aïcha et Margaux ont récupéré le difficile rôle des amoureuses qui apprendront qu’amour rime avec souffrance et vagabondage avant de dire “oui je veux bien oui”. Nous en étions au “Se questo mio cuore/mai cangia desio/Amore mi faccia/Vivendo penar” que Germano Pallini trouve bien traduit en : “Qu’amour me punisse/Si jamais mon coeur/Se détourne/de celui que j’aime”. J’ai retrouvé en voyant ces belles jeunes filles courageuses chanter le plaisir de spectateur à regarder Françoise Dorléac et Catherine Deneuve dans Les demoiselles de Rochefort, le dernier film français totalement mis en scène avec Le samouraï et Playtime en 1967. Bien sûr, ce genre de jugement au lance-pierre sent le ressentiment à plein nez, et c’est pas avec un film au budget 1000 fois inférieur à celui d’Entre les murs qu’on peut frimer, mais nous regrettons souvent de ne pas voir l’ombre d’une mise en scène dans notre cinématographie nationale. On peut s’enorgueillir de battre La grande vadrouille en termes de fréquentation, mais la scène de répétition de La damnation de Faust de Berlioz par Louis de Funès est une grande scène de cinéma.

Si vous ne connaissez pas Cosi fan tutte, il y a une bonne version de l’opéra de Da Ponte et Mozart par Daniel Bareboïm et avec Cecilia Bartoli sur Deezer et Spotify, et en plus vous paierez les artistes, alors pourquoi se gêner là où il y a du plaisir ?

Take shelter de Jeff Nichols : l’enfer doux des classes moyennes

Take Shelter : photo Jeff Nichols, Jessica Chastain, Michael Shannon (II)

C’est l’histoire d’un prophète des temps modernes dans notre monde qui se redécouvre grec depuis quelque temps, qui retrouve le sens d’un souci du monde et de recueillement devant le fait qu’il y ait plutôt qu’il n’y ait rien. Cet homme est un ouvrier du bâtiment de l’Ohio (Michael Shannon), bien marié à la plus belle rousse du cinéma américain (Jessica Chastain, la meilleure nouvelle apportée par Tree of life), heureux père d’une petite fille muette qui sera bientôt opérée grâce à l’excellente mutuelle de son employeur.

C’est un homme qui vit à l’ère de l’angoisse de la chute des classes moyennes dont le mythe s’était bâti sur l’idée que l’avenir des enfants serait forcément meilleur que celui des parents. Des rêves prémonitoires et des hallucinations lui font penser que la tempête du siècle approche. Il s’endette pour financer un abri anti-tempête digne des films catastrophe, dans une ambiance de fin du monde quelque part entre La route de Cormac McCarthy et le cinéma de Terrence Malick adulé par le cinéaste, Jeff Nichols.

Superbement filmé comme une suite de tableaux sur l’enfer doux de la classe moyenne américaine qui rappelle les photographies de Gregory Crewdson, Take shelter (“Mettre à l’abri”) est hanté par le vertige de l’angoisse qui s’est emparée d’une catégorie de la population qui n’avait plus peur depuis la fin de la guerre du Vietnam aux Etats-Unis. Jeff Nichols invente un prophète pour les temps modernes à hauteur d’homme et à démesure d’humanité.


TAKE SHELTER : BANDE-ANNONCE VOST Full HD par baryla