Malveillance de Jaume Balaguero : la lutte déclassée

Malveillance : photo Jaume Balagueró, Luis Tosar, Marta Etura

A l’époque de la crise des idéologies et des structures collectives (église, syndicat, parti politique, etc.), la misère et la frustration ne se résolvent plus en rêve de révolution, mais en actions individuelles d’autosatisfaction dont s’empare facilement le cinéma : explosion de violence (La haine), sexe virtuel et onanisme (Shame), ou dans Malveillance, instauration d’un régime de terreur au niveau d’un immeuble ou d’un appartement.

C’est le destin du concierge interprété par ce passionnant comédien qu’est Luis Tosar (Même la pluie), méprisé et usé jusqu’à la moelle par les bourgeois ibériques qu’il sert dans un superbe immeuble Art nouveau, à l’exception de la belle Mimi (Marta Etura) qui lui décroche un sourire séducteur dans lequel il voudrait voir plus qu’il n’y paraît. Il décide de se faire justice en s’introduisant chez la belle chaque nuit en l’endormant au chloroforme.

Jaume Balaguero s’amuse entre Bunuel et Hitchcock, tout en citant Bergman pour le pilonnage de l’hystérie bourgeoise, à décrire la misère du monde du travail contemporain où le salarié est a priori suspect de n’être pas assez performant et de voler son employeur, et des non-relations de classe entre les néo-bourgeois qui aiment le peuple et les toujours-prolétaires. Il a l’intelligence des personnages secondaires comme une petite peste de six ans qui espionne le concierge et le fait chanter. Un sens plus rigoureux du cadre et de la direction d’acteur aurait élevé ce suspense efficace en une grande parabole sur la modernité.
 

LA B-A DU JOUR : Malveillance VOST | HD par mainstream-club

A dangerous method de David Cronenberg : Ceux par qui vint la peste

A Dangerous Method : photo David Cronenberg, Keira Knightley

A l’époque où les femmes n’avaient guère d’autre choix que de jouer à la maman ou la putain, Sabina Spielrein (1885-1942) occupa une place importante entre deux sommités du XXe siècle, Sigmund Freud et Carl Jung, qui fragilisèrent l’obsession de l’occident pour la toute-puissance du moi.

Notre époque étant celle de l’altérité qui vise à sortir le moi de son confort douillet, il existe un genre en soi de films sur les femmes oubliées de l’histoire considérées en leur lutte pour sortir de la minorité (la première ayant été Lola Montes d’Ophuls, et dernièrement la tendre amie de John Keats dans Bright star), au même titre que sur les noirs (Dans la chaleur de la nuit), les homosexuels (Milk de Gus van Sant), etc.

Ce cinéma dépasse rarement le stade du théâtre filmé, prisonnier qu’il est du vouloir-dire plutôt que du filmer. A dangerous method n’échappe pas à la règle avec ses allures de bal masqué et ses tunnels de dialogue qui lui donnent un air so frenchy. Le transfert vaut ici surtout pour les très grands comédiens qui servent de guide, Michael Fassbender en psychanalyste mystique protestant, Viggo Mortensen en gourou juif et athée convaincu d’avoir découvert à la fois le nouveau monde et la peste (même si la fameuse anecdote où il aurait déclaré devant Jung et Ferenczi, en arrivant en Amérique, qu’ils ne savent pas qu’ils leur apportaient la peste, aurait été inventée par Jacques Lacan), Vincent Cassel en poète anarchiste libertin…

David Cronenberg célèbre celle à qui Freud rend hommage dans Malaise dans la civilisation, comme l’inventrice de la pulsion de mort, Sabina Spielrein, enfant battu, amante bafouée, psychanalyste assassinée par les nazis après avoir échappé aux purges staliniennes qui eurent raison de son mari. Nous préférerons toujours mille fois les célébrations maladroites de la culture, comme dans le film allemand La vie des autres, aux polémiques anti-intellectuelles qui font vendre comme celle entreprise l’an dernier par Michel Onfray sur Freud, qui ne mérite ni prosternation ni insulte pour avoir inventé une méthode qui met les patients face à leurs névroses et en guérit certains.


A Dangerous Method – Bande annonce VOST HD par sortiescinema

Le Havre d’Aki Kaurismaki : Impression, soleil devant

Le Havre : photo Aki Kaurismäki, André Wilms, Blondin Miguel

On se rend compte du chemin parcouru par l’extrême droite dès lors que l’on s’aperçoit à quel point son discours a contaminé les conversations pour faire de l’étranger, de l’immigré, de l’autre, la cause de tous les maux contemporains. Le cinéaste finlandais Aki Kaurismaki a choisi un nom programme, le Havre, pour conjurer le sort d’une société portée par les grandes peurs millénaires. Il a donc posé ses valises au Havre en France, où Marx (André Wilms) rencontre Monet (Jean-Pierre Darroussin) sur la forme et le fond.

Impression, soleil levant peignait Monet en donnant sans le savoir un nom au dernier mouvement artistique populaire. Aki Kaurismaki filme un ancien sans domicile fixe hébergeant un sans papier gabonais en attente de passage à Londres. Le plus grand chef opérateur vivant, Timo Salminen, illumine des rades qui semblent sortis des années 60 et sublime les rues rectilignes dessinées par Auguste Perret après-guerre. Il retrouve dans le port le cadre qui plut à Monet et offre une dimension mythologique aux objets d’autrefois qui duraient alors au-delà de la date de péremption de la garantie.

Conte de noël, manifeste politique et poétique, Le Havre est une déclaration d’amour à la désobéissance civile et aux résistants du cœur qui refusent de se résoudre au fait que le désert croisse. C’est aussi un clin d’œil amical à un pays aimé, la France, qui devra décider dans quelques dizaines de jours si elle préfère la laideur d’âme de la peur ou l’odeur de miracle de l’altérité.


LE HAVRE : BANDE-ANNONCE Full HD par baryla

Filmer L’or de leurs corps à Rosny-sous-Bois (11) : Scripts for my script (sugar for my honey)

Quitte à tout vouloir faire tout seul, autant faire de la peinture ou jouer de la flûte, alors j’arrive aux limites de mes possibilités en tournant une fois par semaine en collège des scènes censées se suivre, ce qui ne me met pas à l’abri des jeans et des T-shirts qui changent de couleur, des chevelures qui passent du raide à la sculpture, des poses brutales de bagues chez l’orthodontiste et des broches qui changent de figurine.

Le célèbre chef-opérateur Jean-Baptiste Gerthoffert est venu mettre de l’ordre dans le chaos et faire un travelling voiture comme dans chacun de mes films, mais je suis obligé d’aller à l’essentiel et de couper toutes les scènes de raccord qui facilitent le travail du spectateur et lui ménagent du temps de cerveau disponible pour avaler les pubs : “attention, elle entre dans une pièce, elle est dans un couloir, elle a mal à la tête, elle sort dans la cour, la nuit tombe, etc.” Comme m’avait dit le coproducteur de mon premier film : “on étouffe un peu dans tes films, comme dans ceux de Desplechin. On respire un bon coup au début et puis tout à la fin”. Curieusement, nous n’avons plus travaillé ensemble.

Je fouille dans ma discothèque pour pallier aux problèmes de son sur certaines prises et soulever l’histoire à des dimensions mythologiques, quelque part entre Bach au piano par Anne Quéffelec et la Passion selon Saint-Matthieu, Lacan tu nous tiens, Arvo Pärt, Tavener, et sans doute la Missa Luba quelque part comme dans L’Evangile selon Saint-Matthieu, dont L’or de leurs corps est un peu le film miroir (sachant qu’Eve, l’héroïne principale, ne portera pas la barbe).

Donc pas de script pour le moment, mais je promets de tourner les scènes dans l’ordre à partir de janvier et de forcer un jeune à faire le métier de script dont on a du mal à comprendre l’utilité avant d’avoir mis le pied sur un plateau de cinéma. Le train file dans la nuit, les vacances sont là pour préparer le second acte janvier/février, développer les personnages, sortir un peu du cadre contraignant du collège et tourner dehors s’il ne fait pas trop froid. Toute l’équipe de Cinéma dans la Lune vous souhaite de bonnes fêtes de fin d’année.

Mission impossible Protocole fantôme de Brad Bird : un bon copain, meilleur qu’une blonde

Mission : Impossible - Protocole fantôme : photo Brad Bird, Paula Patton, Tom CruiseNous ne remettons pas de la suspension de la franchise Jason Bourne, mais il suffit d’un bon oiseau pour changer une autre franchise fatiguée en nuée de bon augure. Tel Mission impossible protocole fantôme élevé par le maître de l’animation Brad Bird (Ratatouille, les indestructibles) en un jeu de chat et la souris burlesque qui mène de l’explosion en direct du Kremlin à la plus haute tour du monde à Dubaï (Seul le cinéma) jusqu’à un garage automatique de Mumbaï (Inde nous rappelle Tom Cruise).

Le Cruise, producteur et acteur, ne s’est pas trompé d’équipe pour réunir les membres du meilleur blockbuster de l’année, jusqu’à la belle Léa Seydoux en française tueuse et canaille nommée Moreau en hommage à la belle Jeanne. Il se paie même un sidekick de haut vol avec Simon Pegg en britannique roux et bavard qui ricane lorsqu’il pense avoir entendu son boss dire qu’il devait pénétrer dans le Kremlin, ce qu’il fera avec le Cruise, et estime ne pas avoir à sauter de l’immeuble le plus haut du monde étant donné qu’il doit rester sur son ordinateur.

Le film culmine dans une scène impressionnante où la star donne de sa personne à descendre la tour Burj Khalifa en varape. Dans un film d’action asexué, il ne reste plus que de bons copains, des sensations fortes et des simulacres de réalité pour se donner une raison de vivre, simulacre de vie amoureuse, d’adultère et de luxe. Au moins peut-on se demander entre deux seaux de pop-corn avec quels amis nous sommes prêts à nous engager dans nos missions impossibles.

Mission: Impossible Protocole Fantôme -… par Paramount_Pictures_France

Hugo Cabret de Martin Scorsese : Entre ici, Georges Méliès…

Hugo Cabret : photo Asa Butterfield, Martin ScorseseMartin Scorsese aime la France qui le lui rend bien. Dans le temple de la cinéphilie, il est le roi, réconciliant les amoureux de la mise en scène et les amateurs de sensation forte. Hugo Cabret lui permet de rendre hommage à ce pays, à sa drogue douce nommée cinéma, et au cinéaste qui fut l’un des premiers à saisir la capacité de cet art à “capturer les rêves”, Georges Méliès (1861-1938), qui mourut dans la misère après avoir été le premier créateur d’un studio de cinéma en France, avant de finir sa vie professionnelle comme vendeur de jouet dans la Gare de Montparnasse.

Scorsese adapte le roman de Brian Selznick qui place cete histoire d’adulte réfugié dans la chambre chaude de l’enfance au niveau du regard d’un bambin, le petit Hugo qui remonte les horloges d’une gare qui rassemble les éléments composites des stations de chemin de fer parisiennes. Il garde comme seul souvenir de son père (Jude Law) un automate qui ne semble pouvoir fonctionner qu’avec une clé en forme de coeur, détenue par la petite-fille du cinéaste.

L’hommage supporte rarement plus qu’un clin d’oeil (nommer un personnage Tourneur dans Le deuxième souffle qui est un hommage au cinéaste Jacques Tourneur, mettre une photo de François Truffaut en kiosque dans Police alors que le cinéaste était décédé pendant le tournage, utiliser la musique de Delerue pour Le mépris dans Casino, etc.), au risque de virer à la séquence de pistolet à miel. Martin Scorsese n’échappe pas à l’écueil en dressant la liste des héros de la littérature française pour enfants (Jean Valjean, Jules Verne, etc.) et en surlignant son admiration sympathique pour Georges Méliès et les pionniers du cinéma muet.

Hugo Cabret relie la passion du cinéaste pour le cinéma, magnifiée dans ses films consacrés au cinéma américain et italien ou son travail de restauration de films mené à travers sa fondation, à la cinéphilie française, la seule qui selon Godard soit en mesure de concurrencer sur la durée la cinéphilie américaine, et à laquelle il n’a sans doute pas osé s’attaquer dans le pays qui passe plus de temps à analyser le cinéma qu’à en faire. Mais la machine à rêve a depuis longtemps franchi l’Atlantique, et les meilleurs rêves de Pixar personnifient mieux aujourd’hui cette passion que ce sympathique hommage au siècle de cinéma français rassemblant des rêves aussi divers que ceux de Georges Mélies et Jean-Pierre Jeunet.

HUGO CABRET – bande-annonce – VOST par metropolitan_filmexport

Filmer Cosi fan tutte aux Pavillons-sous-Bois (11) : Vive le cinéma en-chanté

Nous sommes parfois bien obligés de constater qu’aucun film français n’a été totalement mis en scène depuis Les demoiselles de Rochefort en 1967. Il y a bien eu des cinéastes peintres (Maurice Pialat), des cinéastes littéraires (Arnaud Desplechin, Pascale Ferran), des cinéastes philosophes (Bruno Dumont), des cinéastes rock’n roll (Claire Denis, Jacques Audiard) ou de bons entertainers (Jean-Pierre Jeunet), mais de films totalement mis en scène au sens où l’étaient ceux de Renoir, Bresson ou Demy, point.

Cinéma dans la Lune célébrant un cinéma de la colère et de la joie, nous avons pris le parti d’une fausse comédie musicale pour notre adaptation du Cosi fan tutte de Wolfgang Amadeus Mozart. Il fallait bien commencer par chanter en play-back les douces mélodies de Lorenzo Da Ponte sur l’impermanence des sentiments et l’amour de l’amour, chose faite dans le hall du collège Eric Tabarly assez cinégénique avec ses casiers aux couleurs vives comme dans le film de Jacques Demy.

Nous voici au coeur du sujet : marcher dans les pas d’Alain Resnais, cinéaste de l’altérité dénonciateur du colonialisme (Les statues meurent aussi), du silence dans années 50 sur l’extermination des juifs d’Europe (Nuit et brouillard) et de la dénonciation de l’horreur d’Hiroshima et de la prolifération atomique (Hiroshima mon amour), mais aussi cinéaste de divertissement passionné de musiques populaires auxquelles il rendit hommage dans On connaît la chanson.

Il m’a paru particulièrement intéressant de constater en visionnant la mise en scène par Peter Sellars de la trilogie Da Ponte (Merci Morgane de La Malle aux histoires) son choix de confier les rôles de Don Giovanni et Leporello à deux frères noirs. C’est donc un jeune noir qui ouvre la partie chantée du film. Un jour, il sera naturel de confier des premiers rôles à des noirs dans l’opéra français, et nous appartiendrons à la Préhistoire. Jusque-là, nous avons l’impression de réaliser un film de science-fiction.

2e prix Cinéma dans la lune : Lars von Trier, Moretti, Farhadi, Carrenard…

Melancholia : photo Kirsten Dunst, Lars von Trier

L’équipe du site qui célèbre les nouvelles utopies cinématographiques a palabré jusqu’à l’aube autour de discussions houleuses* pour départager les nouveaux gagnants de son prix célèbre dans le monde entier :

Prix du meilleur film : Melancholia de Lars von Trier. L’art contre l’artiste plutôt que l’art pour l’art, élégie pour la Terre ravagée par la surpopulation et la cosmophagie de l’homme. Eloge des femmes de pouvoir incarnées dans des sorcières face à de tristes sires assoiffés de performance jusqu’à la fin du monde.

Prix du meilleur premier film: Donoma de Djinn Carennard. Imparfait et agaçant, mais curieusement le seul film français de l’année à représenter les noirs comme des personnes complexes (une blanche fille d’un couple noir, une photographe, un jeune amant malicieux…) plutôt que de se réfugier dans le confort douillet des préjugés (sourire “Y’a bon Banania, noirs rigolos, bons danseurs, preneurs d’otage, etc.). Une énergie hors du commun à la Kechiche, des personnages féminins de très haut vol (dont la prof d’espagnole qui couche avec l’un de ses élèves de lycée professionnel), un sens du marketing (“le premier film réalisé pour 150 euros”, “film guérilla”) et une foi dans le montage “mon beau souci”.

Prix du meilleur scénario : Nanni Moretti pour Habemus papam et Asghar Farhadi pour Une séparation. Hommage à Melville pour le premier, fête du surréalisme avec un match de volley-ball entre évêques au Vatican, recueillement devant ceux qui renoncent au pouvoir plutôt que de massacrer la tâche. Violence d’une séparation dans le second, superbe portrait de lutte des sexes et des classes à rebours des préjugés sur l’Iran. Deux bijoux de scénario pensés par-delà le modèle classique hollywoodien.

Prix du meilleur documentaire : La grotte des rêves perdus de Werner Herzog. Miriam a raison, le film vaut pour les 30 minutes où le cinéaste filme les peintures d’animaux datant de 30 000 ans, où l’artiste utilise la forme des parois de la grotte Chauvet pour donner le sens du mouvement des bêtes. Le cinéma comme lieu de défoulement panthéiste.

Prix de la meilleure comédienne : Ariane Ascaride dans Les neiges du Kilimandjaro de Guédiguian et L’art d’aimer d’Emmanuel Mouret. Maternelle dans le premier, amoureuse dans le second, une actrice qui en un mouvement de tête renverse le monde et tire les larmes comme les grandes comédiennes de Pagnol.

Prix du meilleur comédien : Olivier Gourmet pour “Est-ce que vous votez Josépha ?”, face à face cruel entre l’élite en place et la France qui “crève la gueule ouverte”, question fondamentale en une époque de dépossession du pouvoir de citoyenneté et de crise du politique. Gourmet en ministre séducteur, communiquant, ambitieux, courageux, beauf et cynique. Plaisir de bouche, votez Gourmet. (mention spéciale à Vincent Gallo dans Essential Killing en Rambo musulman).

Prix de la meilleure image : Christopher Blauvelt pour La dernière piste de Kelly Reichardt, l’un des plus beaux films de l’année consacré à l’avancée de pionniers à la conquête de l’ouest. Un éclairage minimaliste pour retourner à l’essence du mythe et filmer réalistement les pionniers dans leur crasse et leur rêve, dont une magnifique Michelle Williams. Rencontre de l’indien et de la femme blanche pour mettre fin à deux siècles de fantasme.

Prix du meilleur montage image : Laurence Briaud pour L’exercice de l’Etat. Découpage abstrait de la vie politique dans le choix surréaliste d’un conseiller élyséen envoyé pantoufler chez Vinci, surgissement de l’urgence par SMS affiché en surimpression sur l’écran, violence du débat politique, extase devant un nouveau-né kubrickien. Un travail d’orfèvre qui sublime le film le plus nihiliste de la saison.

Prix du meilleur son : Lon Bender, Victor Ray Ennis, Robert Eber pour Drive de Nicolas Winding Refn. Nappes de son de Los Angeles canaille et banale. Bruits d’hélicoptère et de moteurs dans une ville onaniste où l’on vit à l’ombre des stars et de la sexualité.

Prix des meilleurs costumes : Jean-Paul Gaultier pour La piel que habito de Pedro Almodovar. Un costume-peau porté par la sublime Elena Anaya pour accomplir sa métamorphose.

Prix du meilleur maquillage : Tamar Aviv, Stephen Murphy et Karmele Soler dans La piel que habito de Pedro Almodovar. La métamorphose la plus troublante de l’année d’un homme en femme qui ferait chavirer le plus certain des hétérosexuels. Du grand art.

Prix du meilleur décor : Jerzy Skolimowski pour Essential killing. L’environnement dans lequel vit le cinéaste polonais, les collines boisées qui servent de huis-clos étouffant pour une chasse à l’homme après Vincent Gallo en Rambo musulman.

Prix du meilleur court-métrage : Le jour où le fils de Rainer s’est noyé d’Aurélien Vernhes-Lermusiaux. Elégie pour la fin d’un monde après la mort d’un fils. Hommage à Tarkovski plus facile à citer qu’à refilmer et aux époux Becher. Invocation des sortilèges du cinéma dans un paysage toujours menacé de mort par la télévision. Une salve d’avenir.

*Mathieu, Pierre et François ont juré de ne plus se parler jusqu’à midi.

Shame de Steve McQueen : la fringale érotique de la vie moderne

Shame : photo Michael Fassbender, Steve McQueen (II)

Dans un monde où la moindre pratique sexuelle est accessible en deux clics, le cinéaste Steve McQueen qui avait fait grand bruit avec son premier film Hunger consacré à un indépendantiste irlandais mort d’une grève de la faim en prison, revient avec une histoire d’addiction sexuelle à New-York.

Brandon, cadre branché d’une entreprise de conseil, est obsédé par le sexe, la drague, les prostituées, la masturbation, les sites pornographiques, les regards croisés dans le métro… Son univers bascule lors de l’arrivée de sa soeur, chanteuse ratée et perdue (Carey Mulligan qui illuminait Drive). Il est alors obligé de partager son intimité avec un morceau de famille qui bouleverse ses petits rites érotiques. Il doit même quitter son appartement lorsque son patron s’incruste pour coucher avec sa soeur. On suit alors Brandon en un long travelling en train de faire son jogging dans la ville qui ne se couche jamais.

Steve McQueen, venu de l’art contemporain, privilégie le plan-séquence et le dos des personnages comme dans Vivre sa vie de Godard. Cette anatomie un peu moralisatrice de la vie moderne impressionne surtout par cet immense comédien qu’est Michael Fassbender et la richesse de la mise en scène. Lorsqu’il essaie de nouer avec une vie normale de couple avec une belle collègue de son open space, le jeu de séduction ne cesse d’être interrompu par un serveur envahissant. Lui-même ne semble jamais éprouver autant de plaisir que lorsqu’il fait l’amour à la fenêtre devant les passants. Cet exhibitionniste hédoniste gagne en profondeur en abordant aux rivages de l’inquiétude.


Shame (2011) – Trailer / Bande-Annonce #2 [VO|HD] par Lyricis

Une jeune fille ressuscite à Rosny-sous-Bois

Eve, une jeune fille de 14 ans, a ressuscité vendredi matin dans un collège de Rosny-sous-Bois après avoir été déclarée en état de mort cérébrale pour avoir reçu une balle de tennis dans la tête.

Eve regagnait les cours avec un groupe d’amies lorsqu’elle a reçu une balle de tennis lancée fortement par M. dans le cadre d’un jeu organisé dans la cour. Les secours sont rapidement arrivés dans l’infirmerie du collège où elle a retrouvé la conscience alors que le surveillant a déclaré que son coeur avait cessé de battre quelques instants.

La jeune femme sous le choc après l’événement affirmait n’avoir aucun souvenir de l’événement. Le lendemain, son amie Nicky manquait d’argent lors de son passage à la caisse du supermarché, lorsque Eve qui se tenait derrière elle lui a dit de bien vérifier dans sa poche, où la jeune fille a trouvé un billet de dix euros qu’elle était persuadée de ne pas posséder. Cette série de faits étranges, qui ne manquent pas d’interroger les spécialistes des sciences occultes, pourrait changer le regard sur un territoire stigmatisé pour des faits de violence ou analysé comme un lieu d’expérimentation sociologique. Mais le spectateur du XXIe siècle a-t-il le sens du miracle ?