L’élection présidentielle française sera gagnée dans près d’un an par le vainqueur du mieux-disant fiscal et de la dialectique Education/Sécurité, alors il est temps de se replonger dans la carrière de celui qui ausculta dans tous ses films la terrible contradiction de la société moderne entre le désir de transgression et la peur du gendarme, Alfred Hitchcock, qui fait l’objet d’une rétrospective à la Cinémathèque. L’homme qui a raconté toute sa vie des histoires de quasi-innocents pris dans un engrenage de culpabilité a été envoyé à l’âge de quatre ou cinq ans au commissariat de son quartier avec une note de son père, entraînant son enfermement dans une cellule pendant cinq à dix minutes et la conclusion suivante du commissaire : “voici ce qui arrive aux mauvais garçons.”
Pervers et voyeurs cinéphiles de tous les pays, c’est le moment de retourner à la source de vos fantasmes rêvés et châtiments possibles : une voleuse de billets de banque poignardée en soixante-dix plans dans Psychose, un détective fasciné en trans-trav (zoom avant, travelling arrière) par la mort de la jeune femme qu’il aime, le libérant de la culpabilité, mais l’entraînant dans la nuit noire de Sueurs froides, un journaliste puni par l’assassin qu’il observe depuis sa fenêtre dans le plus grand film sur le voyeurisme et l’effet K (le fait d’associer en montage un visage à une femme ou un gigot donne deux émotions différentes chez le spectateur) dans Fenêtre sur cour, deux jeunes intellectuels dépassés par leur crime parfait dans La corde…
Ce matin à Cinéma dans la Lune, Philippe avait convoqué Thomas à un entretien préalable à un licenciement pour avoir joué dans les couloirs et l’avoir menacé de le traîner devant les Prud’hommes. Djamila s’est présentée dans le bureau de Philippe pour apaiser les tensions. Elle lui a demandé de réintégrer le jeune homme si celui-ci présentait ses excuses. Philippe a donné son accord. Thomas a soutenu qu’il n’avait pas à s’excuser.
Djamila a entraîné le journaliste dans le couloir. Thomas lui a dit qu’il pouvait travailler ailleurs qu’à Cinéma dans la Lune, qu’il en avait marre du comportement de Philippe, et que si tout le monde avait son courage, cela ferait longtemps que les choses auraient changé. Djamila lui a passé un savon en disant qu’aucun canard n’embaucherait un journaliste qui avait une mentalité de gamin de 12 ans, qui jouait dans les couloirs et qui « sautait » les stagiaires mineures.
Thomas a ricané en disant que la fille avait couché avec au moins deux autres hommes avant lui. Djamila, rouge de colère, a demandé à Hugues qui partait en rendez-vous commercial, d’expliquer à Thomas qu’un homme de trente ans ne devait pas coucher avec une fille de 17 ans, en disant à ce dernier qu’il devait s’inscrire sur Meetic s’il avait comme Berlusconi des problèmes de priapisme. Thomas a dit qu’il n’avait aucune leçon à recevoir d’un « type droit dans ses bottes » comme Hugues qui ne connaissait rien aux femmes. Hugues lui a donné une gifle bien sèche. Thomas a reculé, les larmes lui sont montées aux yeux, il s’est placé vainement en position de défense avant que son instinct de survie ne lui rappelle que son adversaire pesait 100 kilos et pratiquait deux fois par semaine les arts martiaux pour prévenir les attaques homophobes.
Thomas a tourné les talons, s’est assis devant son ordinateur et a écrit un article incendiaire sur un film hollywoodien imbécile consacré aux aventures interminables d’un jeune magicien, avant de taper rageusement sa démission.
Rétrospective Alfred Hitchcock à la Cinémathèque Française jusqu’au 28 février 2011
Psychose trailer présenté par M. Alfred Hitchcock
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