Simon Werner a disparu de Fabrice Gobert : noirs désirs

Simon Werner a disparu…

Rappelle-toi quand le visage bourgeonnait, que les garçons fantasmaient sur la bombe du lycée et que l’avenir ne comptait pas puisqu’il n’y avait pas de futur, que les parents craignaient et que le quotidien était réglé par les regards des filles et les notes des devoirs.

Simon Werner a disparu filme une belle brochette de jeunes gens beaux comme des camions en quatre chapitres comme autant de personnages principaux emblématiques de cet univers : le beau ténébreux, la blonde fantasmée, le souffre-douleur…

Tout ce beau monde vivant à l’ère du complot fantasme la disparition du beau Simon et le cortège d’anecdotes qui gravitent autour de sa personne (enlèvement, trafic de drogue, homosexualité, etc.). Le paysage triste des banlieues Bouygues est mis en musique par rien moins que Killing Joke (le groupe préféré de mon frère à l’époque, à l’époque où nous étions plutôt manes que mélos), ce qui ne nous rajeunit pas, les Bordelais de Noir Désir et les Sonic Youth.

Fabrice Gobert emprunte la voie du Gus Van Sant d’Elephant pour dresser le tableau d’un monde dont la noirceur n’est tempérée que par le chatouillement érotique d’un regard et d’un sourire. Parmi le jeune cinéma français produit en référence à Maurice Pialat, Gus Van Sant ou Martin Scorsese, ce Simon-là a de l’avenir.


SIMON WERNER A DISPARU : BANDE-ANNONCE 1 HD
envoyé par baryla. – Regardez plus de films, séries et bandes annonces.

Hors-la-loi de Rachid Bouchareb : il était une fois la révolution algérienne

Hors-la-loi

La polémique la plus débile de l’année cache un bon film, qui commence dans une ambiance de western par l’expropriation d’une famille algérienne (pour les béats de la colonisation, la population du pays a diminué de 3 millions d’habitants en 1830 à 2 millions cent mille en 1872 à cause des massacres, famines, expropriations, etc., liés à la colonisation), se poursuit par les massacres de Sétif et nous emmène en France, sur fond de l’internationalisation de la lutte pour l’indépendance, jusqu’à la manifestation du 17 octobre 1961.

Coupons court immédiatement aux accusations selon lesquelles le film serait “anti-français”. De la manifestation du 8 mai 1945, qui a fait 29 victimes Européennes et, selon la gendarmerie de l’époque qui minimisait souvent les pertes, “de 20 à 40 victimes musulmanes”, Rachid Bouchareb se contente de montrer les faits : un inspecteur de police a tué le porteur du drapeau algérien, des colons ont tiré au hasard dans la foule, les Algériens ont riposté. Le cinéaste ne s’étend même pas sur la répression, d’une violence inouïe, lors de laquelle les colons et l’armée ont employé des méthodes que les nazis n’auraient pas reniées : massacres de femmes, enfants et vieillards, torture, crémation des corps… Au total et en deux mois, près de 100 victimes de souche européenne, 15 000 victimes musulmanes selon le général Tubert chargé de l’enquête, de 20 à 30 000 selon les historiens, 45 000 selon le FLN.

Ceux qui chercheraient encore des sentiments anti-français dans la suite du film perdraient leur temps. Hors-la-loi se concentre sur l’étoffe dont les révolutions sont faites, où tous les coups sont permis : règlement de compte entre le FLN et le MNA plus modéré, utilisation des manifestants pacifistes pour médiatiser la répression, diversité des destins et des choix (militer, s’intégrer, etc.). Dans la seconde partie, le film se focalise sur la montée de la haine entre les militants algériens et la police française qui structure encore aujourd’hui les rapports de force entre les jeunes maghrébins de banlieue et les forces de l’ordre. Saïd (Sami Bouajila) choisit le parti de la révolution, rejoint par son frère militaire (Roschdy Zem) qui s’est découvert une passion pour l’indépendance à Dien Bien Phu. Le troisième (Jamel Debbouze) sort du bidonville de Nanterre en devenant proxénète et en rêvant de créer le premier champion français d’origine algérienne.

Jamel Debbouze manque sans doute d’ambiguïté pour donner du corps à ce dernier personnage, mais Rachid Bouchareb insiste principalement sur la violence par laquelle se construisent les révolutions et les états. Dans ce domaine, ses influences sont bien évidemment Francis Ford Coppola, Sergio Leone et Jean-Pierre Melville, soit les grands cinéastes qui ont pensé la violence de l’histoire de leur pays. Depuis au moins Sophocle, c’est au moment où les pays se débarrassent de leur manteau de pureté pour mettre le nez dans le sang qu’ils deviennent adultes.

The housemaid d’Im Sang-Soo : les affres de la servitude volontaire

The Housemaid

A quoi bon se révolter contre les inégalités sociales si la vie des riches est virtuellement accessible ? A partir du moment où leur mode de vie, leur fortune, leur sexualité et même leurs malheurs sont disponibles dans la presse et sur internet, chacun peut se rendormir satisfait de son sort.

Le théâtre a inventé le rôle de la bonne pour donner la mesure du rapport de force entre le peuple et les bourgeois (encouragé par les aristocrates qui se moquaient, notamment chez Molière, du ridicule des nouveaux riches), puis le cinéma a emprunté le même chemin en décrivant à de multiples reprises le jeu du maître et de l’esclave, souvent avec beaucoup de talent : The servant de Losey, Le journal d’une femme de chambre de Bunuel, La cérémonie de Chabrol, etc.

The housemaid d’Im Sang-Soo, ou l’histoire de la machine à broyer d’une bonne dans une famille ultra-riche de Séoul, ne respire pas totalement la nouveauté, d’autant plus qu’il s’agit du remake d’un classique du cinéma coréen de Kim Ki-Young.

Madame attend des jumeaux, Monsieur fait des affaires couvé par sa mère et protégé par sa belle-mère qui veille à la fortune de sa fille, la bonne plaît à Monsieur qui exerce son droit de cuissage. La bonne tombe enceinte, provoquant l’ire de la famille… La mise en scène d’Im Sang-Soo est si élégante et policée qu’elle frôle souvent le kitsch, mais les accents polanskiens (le cinéaste franco-polonais est très admiré en Corée du Sud) du film dans l’opposition entre la bonté naïve du personnage de la bonne et la perversité de la famille donnent une certaine ampleur au propos.

Le plaisir que prend parfois l’homme à s’abaisser et à s’humilier est l’une des énigmes les plus étonnantes de notre condition qu’il mérite bien un certain nombre de messes. The housemaid saisit le moment où un être renonce face à plus fort que lui. L’on grandit parfois devant de tels parcours.


The Housemaid Bande-Annonce 1
envoyé par toutlecine. – Regardez plus de films, séries et bandes annonces.

Happy Few d’Antony Cordier : une sensation d’ivresse et d’invicibilité

Happy Few

Stendhal dédiait Le rouge et le noir aux happy few, sachant qu’il plairait à peu sans doute, mais pour longtemps. Nous voyons dans quelle filiation s’installe le jeune Antony Cordier dont c’est le deuxième film, où il réunit dans une histoire d’amour partagé libre et sensuelle rien moins que Roschdy Zem, Nicolas Duvauchelle, Elodie Bouchez et Marina Foïs (laquelle construit l’une des filmographies les plus impressionnantes de ces dernières années avec Le bal des actrices et Non ma fille tu n’iras pas danser).

Le thème de l’échangisme a récemment inspiré l’excellent Peindre ou faire l’amour des frères Larrieu, qui ne s’est fait des ennemis que chez les puritains. Les mêmes sans doute feront la fine bouche devant Happy few et cette histoire d’amour à quatre qui commence de manière banale. La créatrice de bijoux interprétée par Marina Foïs rencontre Nicolas Duvauchelle, l’informaticien chargé de la création de son site internet. Le courant passe, les deux couples sympathisent, passent une soirée ensemble. Roschdy Zem embrasse Elodie Bouchez, compagne de Duvauchelle. Le système se met en place : les nouveaux couples ne se verront que simultanément, mais jamais tous ensemble, et les histoires de chaque nouveau couple ne doivent pas contaminer celles des anciens couples.

Bien sûr, les conventions, le regard des enfants et des proches pèsent rapidement sur cette utopie libertaire de bobos parisiens. Antony Cordier caresse les corps des quatre jeunes gens qui retombent en enfance, dans le temps où il était permis de se déguiser et de se rouler dans la farine. Happy few n’est certainement pas l’éloge de l’échangisme, mais un regard plein de tendresse jeté sur des êtres qui décident de déjouer les commandements d’une société puritaine. Qui peut prétendre n’avoir jamais eu de désir d’adultère sans mensonge pourra seul leur jeter la pierre.


Happy Few Bande-annonce 1
envoyé par toutlecine. – Les dernières bandes annonces en ligne.

Nous perdons Claude Chabrol, qu’allons-nous devenir ?

Le Boucher

L’autre homme qui aimait les femmes de la Nouvelle Vague, c’était lui, Claude Chabrol, né en 1930, qui a filmé presque toutes les grandes actrices du cinéma français depuis cinquante ans, dont le charme tempérait son nihilisme et attirait le public : sa seconde épouse, Stéphane Audran notamment dans son chef-d’oeuvre Le boucher consacré à un tueur en série (exceptionnel Jean Yann) de retour d’Algérie, Bernadette Lafont (Le beau serge, A double tour, dont la scène d’apparition est reprise par Tarantino pour filmer Sydney Poitier Jr. dans Boulevard de la mort) Isabelle Huppert (Violette Nozière, La Cérémonie, Madame Bovary, etc.), Jodie Foster (Le sang des autres, qui a inspiré Tarantino pour Inglourious Bastards), Marie Trintignant (Betty, le meilleur rôle de la disparue avec Série noire), Emmanuelle Béart (L’enfer), Sandrine Bonnaire (La cérémonie), Anna Mouglalis (Merci pour le chocolat), Nathalie Baye et Suzanne Flon (La fleur du mal), Laura Smet (La demoiselle d’honneur), Ludivine Sagnier (La fille coupée en deux, son dernier grand film)…

Bien sûr, ce fils de bourgeois qui a réalisé son premier film grâce à un héritage s’embourgeoisait parfois et filmait sans doute trop souvent pour ne pas éviter quelques navets, mais le bonhomme avait de l’humour, et considérait ses Folies bourgeoises comme le plus mauvais film de l’histoire du cinéma. Cet ancien critique des Cahiers du cinéma admirateur de Fritz Lang et Alfred Hitchcock possédait des anecdotes sur tous les cinéastes de l’âge classique, et a influencé la plupart des cinéastes contemporains de films policiers (voir les nombreux emprunts à ses films chez des cinéastes aussi différents que Christophe Honoré et Quentin Tarantino). Ses premiers films portaient les signes qui allaient devenir sa marque de fabrique : un ton badin, une bourgeoisie française décadente attachée à dissimuler ses vices, le cloisonnement des classes sociales, des seconds rôles exceptionnels, etc.

Après la disparition de François Truffaut il y a 26 ans, nous perdons en moins d’un an deux piliers de la Nouvelle Vague, Eric Rohmer et Claude Chabrol. Celui qui avait mille raisons de disparaître avant eux tous pour donner l’impression d’avoir brûlé sa vie et sa santé, Jean-Luc Godard, les enterrera tous. Truffaut et Chabrol se sont portés caution pour permettre à Godard de filmer A bout de souffle. En plus d’être de grands cinéastes, ces deux-là ont été des passeurs toute leur vie, quand le Godard renonçait à la lutte internationale pour aller boire du thé en Suisse. Si le public se garde bien depuis longtemps d’aller voir les films de ce dernier, il appréciait ceux de Chabrol, qui était selon le Centre National de la Cinématographie le cinéaste dont les films avaient le plus souvent dépassé le seuil des 500 000 entrées en France. Alors que le cinéma français est de plus en plus segmenté par public (Arnaud Desplechin pour les intellectuels, Luc Besson pour les banlieues, etc.), Claude Chabrol a souvent été un rassembleur avec des histoires qui fouillaient dans les coins les plus obscurs de notre histoire (Guerre d’Algérie, collaboration sous Vichy, montée de l’extrême-droite, etc.). Ceux qui passent leur temps à lui jeter la pierre ont intérêt à faire autre chose que du cinéma de “l’indicible” car nous ne les manquerons pas dans ce blog.

Des hommes et des dieux : le sacré contre le pouvoir

Des hommes et des dieux

La plus belle voix du cinéma français, celle de Michaël Lonsdale, intime l’ordre à des militaires venus contrôler les papiers des habitants algériens de son village, de cesser de prendre son dispensaire pour un commissariat. C’est peut-être le seul moment du film où la voix d’un moine porte plus haut que celle d’un barbare, où la voix de l’homme libre est plus inquiétante que celle de l’homme soumis à l’autorité ou à une foi aveugle.

Voici donc les moines de Tibhirine, lâchement assassinés en 1996, dans des circonstances qui demeurent mystérieuses (terroristes, armée ?) dans le monastère algérien où ils étaient reclus. Xavier Beauvois filme leur quotidien de manière très réaliste, comme dans le récent documentaire Le grand silence sur les Chartreux, plutôt que comme les cinéastes du sacré (Bresson, Dreyer, Tarkovski). La caméra capture bien les paysages de l’Atlas (le film a été tourné au Maroc), le doute sur le visage d’un homme qui s’adresse au Christ (le doute du prêtre italien d’Un poison violent, “donne-moi ta paix seigneur”, était beaucoup plus convaincant) ou la gentillesse de Frère Luc, Michaël Lonsdale donc, qui soigne 150 villageois par jour.

C’est pourtant le face à face entre ces hommes réfugiés dans la contemplation et le sacré, et les deux fanatiques du pouvoir, qui intéresse le cinéaste : les hommes en prière face au vrombissement de l’hélicoptère de l’armée, les hommes en soutane face aux intégristes en tenue de guérilla, etc. Dans le dénuement de sa blessure, un terroriste (Adel Bencherif, l’émouvant compère de Tahar Rahim dans Un prophète) prend la pose du Christ de Mantegna.

Beauvois ne prend pas parti entre le parti corrompu au pouvoir, qui tient notamment en accusant la France coloniale de tous ses maux, et ces révoltés violents de la djama islamiya du film. Face à ce déchaînement de violence, il s’agenouille devant les témoins du “prince de la paix” et leur sens du sacré, ce mystère qui porte toute oeuvre d’art que son auteur soit ou non croyant. Des hommes et des dieux, ou la piété de l’artiste envers son propre objet.

Piranha 3D d’Alexandre Aja : je te mordrai (virtuellement) les fesses

Piranha 3D

La recette est connue : stimuler le désir du mâle spectateur par des images de jeunes femmes lascives et soumises avant de punir les pêcheurs dans d’horribles souffrances. Piranha 3D d’Alexandre Aja n’aurait fait qu’un film d’horreur pour adolescent de plus s’il n’avait joint à sa mise en scène une ironie mordante sur notre société de frustration basée sur la proximité virtuelle de tout et l’accessibilité réelle de peu.

Spielberg a inventé la peur des océans et ruiné la saison touristique américaine de l’été 1975 avec Les dents de la mer, Aja ressort les piranhas de Joe Dante et James Cameron lors de la semaine de débauche hédoniste des campus américains, le Spring break, littéralement la pause du Printemps, prétexte à des beuveries et toutes sortes d’initiations avant de rentrer sagement dans le rang. Le fils de la commissaire est embauché par un réalisateur de films pornos pour faire des repérages alors qu’il devrait garder ses frères et soeur, une espèce de piranhas ultra-dangereuse attrape les jambes et les bras des jeunes gens d’une ville du Nevada gonflés à bloc. Le jeu de massacre peut commencer.

L’usage intelligent de la 3D transforme le spectateur en poisson rapace heureux de boulotter les plus stupides créatures du film (jusqu’au réalisateur libidineux dont le dernier mot est “T-shirt mouillé”) comme des sushis ou d’assister comme si l’on y était au ballet de deux sirènes exhibitionnistes. Les personnages sont un peu sacrifiés au picnic, mais qu’importe puisque c’est bien de devenir piranha qu’il s’agit : l’humanité qui détruit son environnement, comme le Lac Victoria du film, rira bien qui rira la dernière.

Piranha 3D – Trailer / Bande-annonce #2 HQ [VO]

envoyé par Sawyer17. – Court métrage, documentaire et bande annonce.

Oncle Boonmee, Palme d’Or : présence des fantômes thaïs

Oncle Boonmee (celui qui se souvient de ses vies antérieures)

Les maisons traditionnelles thaïs comportent une ou deux marches entre chaque pièce pour empêcher l’accès aux fantômes et aux mauvais esprits. Il est donc naturel d’imaginer dans ce pays l’air peuplé de la présence des fantômes des disparus ou de leur réincarnation dans les insectes et les animaux qui croisent notre chemin.

Apichatpong Weerasethakul n’a pas choisi la voie la plus facile pour exhumer les fantômes de son magnifique pays dans Oncle Boonmee, Celui qui se souvient de ses vies antérieures. Nous y croisons donc des singes-fantômes qui ont dû plaire au Président du Jury Tim Burton, mais aussi des fantômes beaucoup plus visibles et tenaces dans l’histoire de la Thaïlande : ainsi le pauvre Oncle Boonmee qui meurt à petits feux d’une maladie du rein voit l’origine de ses maux dans le fait d’avoir tué trop de communistes, lorsque son pays servait de base arrière des Etats-Unis dans la lutte contre les Rouges au Vietnam, au Cambodge et au Laos. Nous croisons aussi la route des immigrés laotiens qui font comme les minorités birmanes l’objet d’un rejet important de la part de la population thaïe et de retours massifs au pays (comme en France pour les tsiganes).

La confiscation de la richesse du pays par une minorité anti-communiste sert donc de toile de fond à un film qui correspond bien à la vocation universaliste du Festival de Cannes en résonnant avec les émeutes sanglantes survenues à Bangkok le 19 mai, entraînant la mort d’au moins 16 personnes (dont un journaliste italien) parmi les Chemises rouges qui militaient pour un changement de politique dans le pays via l’abolition des pouvoirs du roi, qui est le souverain le plus anciennement en exercice dans le monde, depuis 1946.

Oncle Boonmee est parfois hermétique et nous entraîne vers des rivages qui ne nous transcendent pas toujours par leur originalité (la disparition des fantômes et de la spiritualité à l’ère de la télévision), mais le film a l’audace de placer la question centrale du bouddhisme, religion majoritaire du sud-est asiatique, à savoir la réincarnation, au coeur des conflits sociaux et ethniques de la Thaïlande contemporaine. Nous aimerions voir plus souvent les dix commandements, la résurrection, et la parole de Mahomet questionnés dans le cinéma européen et méditerranéen.

Oncle Boonmee : Bande-annonce (Cannes 2010)

envoyé par baryla. – Regardez plus de films, séries et bandes annonces.