Aide-toi, le ciel t’aidera du cinéaste humaniste François Dupeyron apporte sous ses airs de comédie au sein de la communauté africaine de la banlieue de Paris (Les Mureaux) bercée par la musique de Bonga une nouvelle rarement évoquée par le cinéma français, mais que ceux qui vivent dans des quartiers métisses savent irrésistibles : l’évolution de la société française d’une société d’assimilation, fondée sur le modèle de la culture unique de l’occidental chrétien, vers une société d’intégration, dans laquelle la nationalité française vaut pour toutes les cultures, toutes les origines et toutes les religions.
Soit Sonia, une mère de quatre enfants, magistralement interprétée par Félicité Wouassi, débordée par le mariage de sa fille aînée, les ennuis judiciaires de son fils qui deale du kif, sa seconde fille enceinte et son mari qui dilapide les économies dans les paris du PMU, qui finit par demander l’aide de son voisin Robert, interprété avec l’élégance habituelle de Claude Rich, pour cacher le corps de son mari décédé d’un infarctus afin de ne pas gâcher la fête de sa fille aînée.
La relation qui se noue entre cette Mère courage et le vieux retraité trop heureux d’accueillir ce mort qui constitue la première visite qu’il reçoit depuis deux ans, est rapidement ternie par les exigences croissantes de Robert, qui menace de dénoncer Sonia à la police si elle ne s’occupe pas de lui. En dressant le portrait d’une série de personnes âgées dont s’occupe Sonia, le cinéaste semble même suggérer que les retraités se trouvent au bout de la chaîne de ceux que personne ne veut plus voir. Car c’est bien entendu là que réside l’importance d’Aide-toi, le ciel t’aidera, dans ce parti-pris de focaliser tout son film sur le destin d’une communauté parisienne victime de discriminations et du délit de faciès, mais qui impose progressivement sa place dans la société française. Il y a un mois, les élites se sont rendues compte avec un certain malaise qu’elles étaient incapables de mettre en avant un “Obama français”. Le film de Dupeyron prouve avec colère et joie que la base qui permet l’éclosion de tous les destins du monde est bien plus vivante que ne le laisserait croire la faible place des noirs et autres Français d’origine africaine sur les écrans français.